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Les Rencontres Accélérateurs 2022

Les mardi 13 et mercredi 14 septembre se sont tenues les Rencontres Accélérateurs 2022 au CERN (Genève, Suisse).

Les orateurs invités représentant le CEA, le CNRS et le Ministère de la Recherche ont présenté les grandes orientations des trois organismes en matière de recherche et de développement dans les accélérateurs de particules.

Ces présentations ont été suivies d’un temps d’échanges avec les participants, dont les thèmes ont pu être guidés grâce au sondage réalisé en amont. Merci pour votre participation à celui-ci.

Photo des particpants aux Rencontres Accélérateurs 2022
Les participants des Rencontres Accélérateurs 2022
Photo ©2022 CERN

Les orateurs et oratrices du CERN ont ensuite présenté les orientations futures et développements technologiques en cours , ainsi que la stratégie de réduction de l’impact environnemental de l’organisation.

L’après midi s’est enfin conclue par la remise du prix Jean-Louis Laclare à David Longuevergne (IJCLab) et du premier accessit à Mathieu Valléau (Synchrotron SOLEIL). À cette occasion David Longuevergne a exposé ses travaux aux participants.

Le mercredi matin fut consacré aux visites de plusieurs installations du CERN : décélérateur d’antiprotons (AD/ELENA), systèmes d’amplifications à transistors du SPS et centre de contrôle du CERN, hall de test des aimants supraconducteurs, ainsi qu’une visite exceptionnelle de la caverne de l’expérience ALICE auprès du LHC.

Plus de photos sont disponibles sur la page dédiée du site web et le programme des Rencontres reste accessible sur le site Indico de l’événement.

Nous remercions le CERN pour avoir soutenu et accueilli l’événement, l’ensemble des orateurs et oratrices, les guides des visites et les participants pour le succès de ces Rencontres. Nous seront heureux de vous retrouver pour les Journées Accélérateurs de Roscoff à l’automne 2023.

Conférence : le Futur Collisionneur Circulaire, présentation à la communauté

Une première présentation du projet de Futur Collisionneur Circulaire, étudié dans le cadre de la stratégie européenne pour la physique des particules, est organisé sous l’égide de la Société Française de Physique.

Les objectifs et défis de ce futur accélérateur seront présentés pour la première fois à l’ensemble de la communauté des physiciennes et physiciens, le jeudi 2 juin à partir de 19h à l’amphithéâtre Farabeuf, Campus des Cordeliers, 15 rue de l’École de Médecine à Paris.

Plus d’informations sur le programme et l’inscription à l’événement sont disponibles dans le lien ci-dessous.

Michel Billardon 1933-2021

Nous avons appris le décès de Michel Billardon, pionnier français des lasers à électrons libres. Nous transmettons ici deux hommages de la part de ses collègues.

« Il partageait ses idées, son savoir, sa rigueur et ses compétences de physicien complet avec toute l’équipe »

Nous avons l’immense tristesse de vous faire part du récent décès de Michel Billardon. Il fut un pionnier du laser à électrons libres en France et dans le monde.

Une partie de l’équipe LEL d’ACO. De gauche à droite : P. Marin, M. Velghe, C. Bazin, M. Billardon, et assis : J.-M Ortega et Y. Forge.

En 1977, après avoir proposé le concept de laser à électrons libres (LEL) en 1971, J. M. J. Madey et son équipe obtiennent la première réalisation expérimentale d’un tel système en 1977 avec une émission dans l’infra-rouge à Stanford. À l’époque, beaucoup d’espoir étant mis dans les accélérateurs à recirculation de faible dispersion en énergie, il se tourne alors vers ACO en France pour faire une démonstration sur anneaux de stockage. Yves Farge et Yves Petroff montent une équipe avec Michel Billardon venant de l’ESPCI, Jean-Michel Ortéga, Michel Velghe du LPPM, Pascal Elleaume du CEA, Claude Bazin et Michel Bergher du LURE, ainsi que D. Deacon et K. Robinson de l’équipe de J. M. J. Madey. Six ans plus tard, en 1983, fut obtenu le second laser à électrons libres [1] au monde, sur ACO émettant dans le visible, un résultat attendu par toute la communauté. La contribution de Michel, opticien et physicien hors pair, fut majeure dans ce succès.

Ensuite, les extensions des performances de la source se sont enchaînées, avec la génération d’harmoniques cohérentes dans l’UV et le VUV tandis que l’équipe s’agrandissait avec la venue des doctorants Marie-Emmanuelle Couprie et Rui Prazéres. Les développements se sont ensuite poursuivis sur le laser à électrons libres de Super-ACO dès 1987. Michel aura largement défriché une physique nouvelle qui se laissait découvrir : dynamique non-linéaire complexe, régimes chaotiques, modes transverses, stabilisation temporelle longitudinale, développement et caractérisation optique complète de miroirs multi-couches UV aux performances ultimes en collaboration avec Claude Boccara à l’ESPCI. Ces développements ont conduit aux premières expériences d’utilisation du LEL UV pour des expériences résolues en temps à l’échelle sub-ns en biologie avec Fabienne Mérola, puis en physique des surfaces avec Amina Taleb-Ibrahimi et Marino Marsi, Laurent Nahon, et les étudiants David Garzella et Toru Hara.

Pendant les longues nuits de manipes au LURE, Michel, bière à la main et cigarette aux lèvres, partageait ses idées, son savoir, sa rigueur et ses compétences de physicien complet avec toute l’équipe qui s’agrandissait. Ses résultats pionniers ont été récompensés par le prix Free Electron Laser en 2001 partagé avec Jean-Michel Ortéga et Marie-Emmanuelle Couprie. Michel nous laisse en héritage son travail de pionnier, mélange d’équations élégantes, de simulations numériques, et d’expériences d’optique et de physique des lasers et des accélérateurs. Il aura largement contribué à l’essor des LELs en général, dont la version sur LINAC est désormais un outil incontournable pour l’exploration de la matière soumise à des impulsions VUV/X à haute intensité et ultra-courtes, parfaitement complémentaire du rayonnement synchrotron sur anneau de stockage.

Marie-Emmanuelle Couprie, Laurent Nahon, Amina Taleb, Jean-Michel Ortéga

[1] M. Billardon, P. Elleaume, J.-M. Ortega, C. Bazin, M. Bergher, M. Velghe… et J. M. J Madey, First operation of a storage-ring free-electron laser. Physical Review Letters, 51(18), 1652 (1983).

« Michel a développé, au Laboratoire d’Optique de l’ESPCI, des outils nouveaux, aux performances exceptionnelles »

Nous venons d’apprendre le décès de notre collègue et ami Michel Billardon. Michel, qui a poursuivi toute sa carrière au CNRS, était un physicien accompli, aussi aimerions nous ici rappeler quelques-unes de ses contributions scientifiques.

Marie-Emmanuelle Couprie et Michel Billardon

C’est dans le domaine de la lumière polarisée que Michel a développé, au Laboratoire d’Optique de l’ESPCI, des outils nouveaux, aux performances exceptionnelles, qui ont permis de réaliser des études spectroscopiques de matériaux anisotropes ou soumis à des champs extérieurs (champs magnétiques, champs de contraintes). Avec Jacques Badoz ils ont réalisé des mesures limitées par la physique (bruit shot) comme des pouvoirs rotatoires de 10-4 degrés ou des dichroïsmes circulaires de 10-6. Les instruments associés ont connu des développements industriels importants à une époque où le transfert Recherche-Industrie se pratiquait peu.

Puis est venue une période LASER pendant laquelle Michel a exploré les possibilités offertes par l’utilisation des centres colorés, mais la contribution qui a le plus marqué le domaine est celle qui a été menée dans le cadre du laser à électrons libres. Sous l’impulsion de Yves Farge et avec Michel Ortéga, Michel Billardon a mis au point des onduleurs permettant, par émission spontanée, la concentration spatiale de l’émission du rayonnement synchrotron. Quelques temps après le premier laser à électrons libres fonctionnant dans le visible a vu le jour, puis, avec Marie-Emmanuelle Couprie ils ont ouvert la voie à une génération nouvelle de lasers UV sur anneaux de stockage .

Ajoutons que la rigueur de Michel, son habileté expérimentale, sa maîtrise des outils mathématiques et informatiques ont été précieux pour les nombreux doctorants qu’il a encadrés.

Claude Boccara , Bernard Briat et François Ramaz, le 4 janvier 2022