Le 15ème prix Jean-Louis Laclare est décerné à Eléonore Roussel.
Éléonore Roussel est chargée de Recherche CNRS au sein du Laboratoire de Physique des Lasers, Atomes et Molécules (PhLAM) à l’Université de Lille, dans le domaine des accélérateurs ainsi que dans des domaines situés à l’interface entre la photonique et la physique des accélérateurs.
Sa thèse a porté sur la dynamique spatio-temporelle des paquets d’électrons lors de l’instabilité de microbunching, et sur le rayonnement synchrotron cohérent dans les anneaux de stockage, en collaboration avec UVSOR (Japon) et le Synchrotron SOLEIL (France). Cette thèse représente un apport significatif à la communauté des accélérateurs, tant du point de vue théorie et simulation que du point de vue expérimental. Elle a en effet largement contribué aux premières observations directes et en temps réel de microstructures dans des paquets d’électrons sur ces deux installations, grâce au développement de systèmes de mesures du rayonnement THz monocoup à grande fréquence de répétition. L’ensemble de ces travaux de thèse a permis au PhLAM de développer de nouvelles collaborations autour de l’observation du rayonnement cohérent THz, notamment avec KARA (Karlsruhe Institute of Technology), DESY et European XFEL (Allemagne).
Eléonore a ensuite effectué un post-doctorat en Italie, au Laboratoire Elettra Sincrotrone Trieste, au cours duquel ses travaux sur le laser à électrons libres de FERMI ont conduit à la première démonstration de la configuration avancée dite « Echo Enabled Harmonic Generation ».
Elle s’est par ailleurs investie, lors d’un postdoctorat au Synchrotron SOLEIL sous la direction de Marie-Emmanuelle Couprie, dans le projet COXINEL (Coherent X-Ray source INferred from Electrons accelerated by Laser) pour lequel elle a produit des études théoriques pour la conception, développé son système de contrôle-commande, participé au commissioning de la ligne au LOA (Laboratoire d’Optique Appliquée) et à la confrontation des résultats expérimentaux aux modèles numériques. Le projet, implémenté par la suite à HZDR (Helmholtz-Zentrum Dresden-Rossendorf) a récemment obtenu un succès de tout premier plan, puisqu’il a conduit à la première démonstration expérimentale d’un LEL injecté, sur accélérateur laser-plasma.
De retour dans les effectifs du PhLAM en 2017 en tant que Chargée de Recherche CNRS, Eléonore Roussel a apporté une contribution majeure au développement d’une nouvelle méthode de mesure de champs électriques « single-shot » à très haute résolution temporelle (DEOS – Diversity Electro-Optic Sampling), implémentée à DESY/European XFEL, TeraFERMI, FELBE/TELBE, SOLEIL. Elle est actuellement co-coordinatrice du projet européen EIC Pathfinder Open TWAC (Terahertz Wave Accelerating Cavity).
Le jury a fortement apprécié les accomplissements scientifiques déjà mondialement reconnus d’Éléonore Roussel. À sa créativité et à ses résultats exceptionnels s’ajoute le fait qu’elle a fortement contribué, dans ses laboratoires d’accueil, à façonner l’activité de recherche dans le domaine des accélérateurs en ayant un impact positif et déterminant sur tous les projets auxquels elle participe. L’ensemble de ces éléments ont amené le jury à décerner le Prix Jean-Louis Laclare 2023 à Éléonore Roussel.
Le premier accessit 2023
Par ailleurs le premier accessit est décerné à Frédéric Bouly.
Frédéric Bouly est Chargé de Recherche CNRS au Laboratoire de Physique Subatomique et de Cosmologie (LPSC), dans le Pôle Accélérateurs et Sources d’Ions, à Grenoble.
Sa thèse a porté sur l’étude d’un module accélérateur supraconducteur et de ses systèmes de régulation pour le projet MYRRHA, qui a permis la démonstration de la faisabilité d’une compensation rapide des pannes pour minimiser le nombre d’arrêts de faisceau, essentielle pour la réalisation du projet. Ces travaux innovants et pionniers ont été par la suite appliqués au système RF du Linac de SPIRAL2 au GANIL.
Après avoir alors dirigé les campagnes expérimentales d’un cryomodule équipé de cavités accélératrices de hauts gradients à l’IPNO tout en menant des études de dynamique de faisceau sur le Linac de MYRRHA, il a rejoint le CERN en tant que Fellow sur le projet d’upgrade en luminosité du LHC (HL-LHC), pour y mener des études de dynamique de faisceau intense et de ses interactions avec les cavités de type CRAB.
Frédéric est à présent Chargé de recherche au LPSC. Il y a dirigé le développement de la ligne basse énergie pour MYRRHA et a assuré le rôle de responsable scientifique national du Master Projet MYRRHA pour l’IN2P3. Il a étudié les phénomènes de compensation de charge d’espace des faisceaux intenses par injection contrôlée de gaz. Il a réalisé un programme de simulations et d’analyses sur la compensation d’erreurs et a développé des solutions capables de corriger des pannes multiples. Il est l’un des précurseurs de l’intelligence artificielle (IA) pour les accélérateurs, domaine en plein essor depuis quelques années.
Outre son activité scientifique de premier ordre, le jury a aussi apprécié son implication dans la formation des jeunes dans notre discipline en tant qu’encadrant et en tant qu’enseignant.
L’ensemble de ces éléments ont amené le jury à décerner le Premier Accessit du Prix Jean-Louis Laclare 2023 à Frédéric Bouly.